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Ignorance crasse ou mauvaise foi avérée ?

vendredi 17 juin 2016, par CAP21 Aquitaine

Mercredi 15 Juin la Commission Européenne a rendu public les critères qu’elle considère comme pertinents pour définir ce qu’est un perturbateur endocrinien.

Cette définition fait suite aux travaux initiés par la commission sur le sujet depuis le début des années 2010.

La définition proposée le 15 Juin nécessite que l’on puisse affirmer que la substance mise en cause :
- a un effet néfaste sur la santé humaine ;
- a un mode d’action sur sur le système endocrinien
- qu’il existe une causalité entre l’effet observé et le mode d’action

Il est aussi déterminé la méthodologie devant être mise en oeuvre :
- faisant usage de toutes les preuves scientifiques pertinentes ;
- utilisant un poids d’une approche fondée sur des preuves ;
- Et l’application d’une revue systématique robuste.

De façon pratique, cette méthodologie induit de façon mécanique des délais qui seront très probablement supérieur à 20 ans avant que l’on puisse interdire n’importe quel perturbateur.

Le deuxième point de la définition "a un effet sur le système endocrinien" est particulièrement pernicieux. Les perturbateurs endocriniens n’influencent pas forcément le système endocrinien mais ont fréquemment une action mimant celle que pourrait avoir le système endocrinien. Pour mieux comprendre, le système endocrinien participe aux grandes régulations de l’organisme. Ces régulations fonctionnent avec des délais de réponse (constantes de temps) variables. Il y a des régulations à court terme (généralement mettant en jeu le système nerveux), à moyen terme (le système endocrinien) et à long terme (via l’épi-génétique)

Sur le plan pratique, l’interaction entre les différents systèmes se fait au moyen de récepteurs membranaires dont les réponses peuvent se faire à court terme (récepteur canal par exemple), à moyen terme (récepteur couplé à une protéine G) ou diffuser à travers la membrane cellulaire et interagir avec le noyau cellulaire comme dans le cas des récepteurs aux glucocorticoïdes.

Le nombre de récepteur présent va permettre de déterminer la manière dont les réponses vont se faire. Dans le cas d’un grand nombre de récepteurs, la réponse sera de type "dose effet" (plus il y aura d’interaction plus la réponse sera importante). Si il n’y a que peu de récepteur, la réponse pourra être de déclencher des réactions en cascade. Ces récepteurs étant impliqués dans les réponses de type immunitaire et les réponses anti-tumorales innés

De ces quelques éléments (qui sont enseignés à un niveau licence), on en déduit que la méthodologie proposée par la Commission Européenne notamment en ce qui concerne la nature restrictive liée à "l’effet sur le système endocrinien" est totalement inadaptée pour définir ce qu’est un perturbateur endocrinien. Une approche plus scientifique aurait été de faire référence à la perturbation du système endocrinien ou de ses effets.

De même la méthode dite "fondée sur les preuves" consiste en une approche reposant des études cliniques systématiques, telles que des essais contrôlés randomisés en double aveugle, des méta-analyses, éventuellement des études transversales ou de suivi bien construites. Cette méthode a pour particularité de mettre à distance l’aspect mécanistique de la physiologie et de l’approche expérimentale telle que l’avait mis en oeuvre par exemple Claude Bernard.

On ne peut faire abstraction que la méthodologie de référence proposée par la Commission Européenne a été fortement promue par l’industrie du médicament et notamment par des industriels mis en cause pour des pratiques illégales.

Il apparaît indispensable d’obtenir une reformulation des critères proposés par la commission.

pour en savoir plus sur les récepteurs

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